Silence

Un silence encore plus silence (extraits du livre Portraits d’arbres)

Notes de carnets :

Eugène Guillevic, cet ancien résistant, qui trouve dans son écriture une simplicité presque élémentaire : j’entends par là son amour des éléments qui l’entourent et l’inspirent. L’océan, le vent, la roche, la terre. Il « fore », comme il dit lui-même, jusqu’à trouver ce « silence » qu’il cherche partout.

Je me sens dans ma pratique de la peinture très proche de sa pratique aux mots. Moi aussi je ne veux pas être « forcé » de peindre. « Forcé » par les attentes de notre société, par mes peurs et mes angoisses, « forcé » par le regard des autres. Alors il faut entrer en résistance, c’est-à-dire travailler pour une nécessité qui vient de nous-mêmes comme le dirait peut-être Rilke.

La poésie a le pouvoir de se dévoiler petit à petit. Le poème a cela de particulier qu’il faut lui laisser du temps. Le temps de la lecture, le temps que les images apparaissent, à tel endroit, à tel autre. Le temps aussi que ces images laissent place à une compréhension , à quelque chose que l’on est sûr de reconnaître au moment où il apparaît. C’est la raison pour laquelle on lit de la poésie d’ailleurs. Pour cette chose fabuleuse qui peut se développer progressivement ou surgir tout à coup. Il est certain qu’il faut que le poème opère, qu’il y ait une sorte d’alchimie entre le lecteur et le poème. Ce ne sont alors plus seulement des mots sur une page, mais tout un univers, des couleurs, des sonorités, les effluves du poète, de sa vie, de ce qu’il veut dire, de ce qu’il cache.

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